Les grandes annonces gouvernementales du printemps…

François de Rugy inscrit dans le marbre le « zéro émission » gaz à effet de serre d’ici 2050

François_de_RugyObjectif zéro émission nette de CO2 d’ici 2050 ! François de Rugy, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a présenté mardi 30 avril au matin en Conseil des ministres le projet de loi relatif à l’énergie et au climat, visant à inscrire dans la loi l’objectif d’atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici à 2050. « Face à l’urgence climatique, nous inscrivons dans le marbre de la loi nos objectifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Alors que la loi de transition énergétique prévoyait une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, le Gouvernement va plus loin avec l’objectif zéro émission nette à horizon 2050, standard le plus élevé au monde en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Cela fait de la France le premier pays d’Europe à inscrire l’objectif de neutralité carbone dans la loi, et ce sera désormais la boussole de toutes nos politiques climatiques », a déclaré François de Rugy.

La PPE, pilier du changement de paradigme

Dans les termes de l’Accord de Paris, la neutralité carbone est entendue comme l’atteinte de l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et le puits de carbone, c’est-à-dire les absorptions par les écosystèmes tels que les forêts, les prairies, les sols agricoles et les zones humides, et par certains procédés industriels, tels que la capture et le stockage du carbone. Pour atteindre cet objectif, la France s’est dotée d’une Stratégie française pour l’énergie et le climat déclinée en deux piliers majeurs : la Stratégie nationale bas-carbone et la Programmation pluriannuelle de l’énergie présentées fin 2018 par le Gouvernement, et qui entreront formellement en vigueur lorsque le projet de loi énergie-climat aura été adopté par le Parlement.

Le projet de loi décline ainsi les orientations fixées par la Stratégie française pour l’énergie et le climat, avec notamment :

  • Une trajectoire ambitieuse pour décarboner le mix énergétique en accélérant la baisse de la consommation d’énergies fossiles à moins 40 % en 2030, au lieu des moins 30 % prévus dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015.
  • La fin de la production d’électricité à partir de charbon en France métropolitaine d’ici 2022, en mettant en place un cadre légal permettant d’entrainer la mise à l’arrêt des centrales à charbon et des mesures d’accompagnement spécifiques pour les salariés et sous-traitants de ces installations.
  • Des objectifs réalistes pour transformer notre modèle énergétique en portant le délai de la réduction à 50 % la part de nucléaire à 2035, au lieu de 2025 qui aurait nécessité de construire de nouvelles centrales au gaz, et aurait impliqué une hausse de nos émissions de gaz à effet de serre.
  • Un Haut conseil pour le climat qui sera chargé d’évaluer la bonne mise en œuvre de nos engagements : le président de la République a annoncé en novembre 2018 la création d’un Haut Conseil pour le climat, rattaché au Premier ministre, indépendant et doté de moyens spécifiques. Fort de l’expertise de ses membres, il devra évaluer si la stratégie bas carbone de la France est suffisante, alerter si elle est insuffisamment mise en œuvre ou si les décisions qui sont prises par l’État ne sont pas cohérentes avec les objectifs que la France s’est fixée, et recommander des actions pour redresser la trajectoire.
  • Des leviers supplémentaires pour faciliter le développement des énergies renouvelables : la Stratégie nationale bas carbone sera révisée tous les 5 ans et pourra ainsi être ajustée et affûtée à la réalité de l’évolution de nos émissions ; et le texte prévoit par ailleurs la simplification de différentes procédures administratives qui permettra d’accélérer le déploiement de projets d’énergies renouvelables, ou le renforcement de la lutte contre les fraudes aux certificats d’économie d’énergie pour rendre le dispositif encore plus efficace.

Diverses mesures relatives à la régulation de l’énergie et au traitement des contentieux liés à l’énergie sont également prévues. Par l’inscription dans la loi de l’objectif de « neutralité carbone », ce projet de loi vient confirmer et renforcer les actions entreprises par le Gouvernement pour le climat :

  • dans le domaine des transports, avec un objectif ambitieux de mettre fin à la vente des voitures à essence ou diesel en 2040, mais aussi en aidant les Français à sortir de la dépendance au pétrole pour leurs déplacements (loi d’orientation des mobilités en cours d’examen au Parlement, prime à la conversion des véhicules, bonus écologique, soutien au covoiturage ou au développement de la pratique du vélo, …).
  • dans l’énergie, avec la loi hydrocarbures en décembre 2017 interdisant tout nouveau projet d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbures en France.
  • dans le secteur du bâtiment, avec un objectif de rénovation de toutes les passoires thermiques d’ici 10 ans, et les dispositifs de soutien aux Français qui engagent des travaux de rénovation ( crédit d’impôt et au prêt à taux zéro) et en nous engageant dans la sortie des chaudières au fioul d’ici 10 ans notamment avec la prime à la conversion pour les chaudières. (* voir l’article du RAPPEL ci-dessous !)
  • dans l’accompagnement des ménages face à la hausse des prix de l’énergie à travers la revalorisation et l’extension à 5,8 millions de bénéficiaires du chèque énergie.

Plus d’infos : gouvernement.fr


* Complément concernant la rénovation des passoires thermiques :

Mardi 16 avril 2019, les acteurs mobilisés aux échelles locale et nationale pour la rénovation énergétique des bâtiments, et une lutte efficace contre la précarité énergétique, étaient réunis à l’Hôtel de Ville de Paris, à l’occasion d’une conférence de presse, en marge du 7e Forum de l’éco-rénovation en copropriété.

Le 26 avril 2018, Nicolas Hulot présentait son plan national de rénovation énergétique des bâtiments. Un an plus tard, le ministère a changé de locataire, et la France ne montre aucun signe crédible de rattrapage de son retard en matière de transition énergétique des bâtiments. Tout en revendiquant sa continuité avec la Loi de transition énergétique de 2015 qui prévoyait la rénovation d’ici 2025 de 7 millions de « passoires énergétiques », le plan fixait alors l’objectif « d’éradiquer d’ici dix ans » (soit 2028) 1,5 million de ces logements inefficaces (de classe énergétique F et G) habitées par des propriétaires aux faibles revenus. Ils présentait diverses actions et un calendrier pour atteindre des objectifs revus à la baisse. Force est de constater que ces lignes directrices déjà fragiles n’ont pas été suivies ni mises en œuvre depuis lors.

En l’absence de comptabilité officielle et de concrétisation de l’observatoire annoncé par le gouvernement, on estime qu’environ 40.000 rénovations permettant d’amener un logement au niveau « basse consommation » (étiquette B) ont été menées en 2018. De nombreuses autres opérations de rénovation ont permis un gain énergétique (environ 250.000) qui reste cependant en dessous du niveau de performance nécessaire pour atteindre, même progressivement, le niveau souhaité pour les logements en 2050.

Le dispositif de « chaudières à 1 euro » pour les ménages les plus modestes illustre cette tendance du gouvernement qui communique aujourd’hui abondamment sur des solutions court-termistes, au mépris d’économies d’énergie durables et vraiment utiles pour les citoyens.

Lire le dossier de presse

Lire les réactions de Philippe Pelletier (président du Plan bâtiment durable), Marjolaine Meynier-Millefert (députée et copilote du plan de rénovation énergétique du bâtiment) et Alain Maugard (copilote du plan de rénovation énergétique des bâtiments) sur le site de batiactu.com.

Source : precarite-energie.org

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