Les énergies renouvelables deviennent une source non négligeable de revenus pour les agriculteurs

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Plus de 50.000 exploitations agricoles produisent des EnR, révèle l’Ademe. Une production qui peut générer jusqu’à 15.000 euros de revenus par an. Les agrocarburants, prépondérants, devraient laisser plus de place à l’éolien et au biogaz à l’avenir.

Les énergies renouvelables deviennent une source non négligeable de revenus pour les agriculteurs

Les agriculteurs s’intéressent de plus en plus à la production d’énergies renouvelables (EnR). L’organisation par la FNSEA et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) d’une journée dédiée sur le Salon de l’agriculture le démontre. Au-delà de la prise en compte de l’enjeu des changements climatiques, cette production commence à compter dans les revenus des exploitations agricoles, révèle une étude de l’Ademe publiée jeudi 22 février.

Selon cette dernière, le secteur agricole a produit 20% des EnR nationales en 2015 à travers plus de 50.000 exploitations. Avec 4,5 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) produites, « l‘agriculture produit aujourd’hui autant d’énergies renouvelables qu’elle consomme d’énergies conventionnelles« , se félicite le ministère de la Transition écologique.

Cette contribution prend plusieurs formes, explique l’étude : autoconsommation de chaleur et d’électricité pour réduire la facture énergétique de l’exploitation, production et vente de biomasse pour la production d’EnR, vente d’électricité ou de gaz directement sur les réseaux, ou encore mise à disposition de surfaces pour les installations de panneaux solaires ou d’éoliennes.

Si toutes les filières agricoles contribuent à la production, elles sont loin d’être au même niveau. Ce sont les grandes cultures qui sont les plus contributrices via les biocarburants et l’installation d’éoliennes. Logiquement, ce sont donc les régions où ces filières sont les mieux représentées qui arrivent en tête de la production : Grand Est, Hauts-de-France et Centre-Val de-Loire.

Des revenus portés par les agrocarburants

En termes de revenus, la contribution du secteur agricole à la production d’EnR représentait un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros (Md€) en 2015, soit l’équivalent de 2% du chiffre d’affaires de l’agriculture française. La répartition des revenus entre les différentes sources est très hétérogène. Ces revenus sont portés principalement par les agrocarburants (1 Mds€), suivis du photovoltaïque (105 M€), de la méthanisation (88 M€), de la biomasse chaleur (85 M€) et, enfin, de l’installation d’éoliennes (34 M€). « A ce chiffre d’affaires s’ajoutent 112 millions d’euros d’économies sur la facture énergétique des exploitations par l’autoconsommation de biomasse, la mise en place d’installations de solaire thermique et de pompes à chaleur« , précise l’étude.

« Ces chiffres, encore mesurés par rapport à l’ensemble du secteur agricole, génèrent néanmoins un impact économique significatif pour les agriculteurs engagés dans ces projets« , relève l’Ademe. Les EnR permettent en effet aux agriculteurs de diversifier leurs revenus pour des montants allant de quelques milliers d’euros de réduction de leur facture énergétique à plus de 15.000 euros de revenus supplémentaires par an, souligne l’étude. Des chiffres, ajoute-t-elle, qui sont à mettre en perspective avec le revenu agricole moyen, évalué à 25.400 euros par an en 2015.

Production multipliée par trois d’ici 2050

Ces revenus, même s’ils restent encore modestes et proviennent essentiellement des grandes cultures à travers les agrocarburants, sont appelés à croître. L’étude estime que la production d’EnR pourrait être multipliée par deux (9 Mtep) à l’horizon 2030 et par trois en 2050 (15,8 Mtep). Cette évolution quantitative s’accompagnerait d’une évolution du mix énergétique : « selon les hypothèses prises pour cette prospective, l’éolien et le biogaz deviendraient les premières énergies renouvelables issues du secteur agricole« , révèle l’Ademe. La baisse des agrocarburants agricoles devrait notamment résulter du développement des biocarburants de deuxième génération qui utilisent davantage de biomasse forestière et de déchets.

Selon l’étude, ce sont quelque 280.000 exploitations qui deviendraient productrices en 2050. La part du chiffre d’affaires devrait se développer fortement, donnant lieu à « une véritable filière agricole économiquement équivalente aux autres« . D’où l’enjeu, insiste-t-elle, de « renforcer dès aujourd’hui l’animation et l’organisation de cette filière« .

Une préconisation que Nicolas Hulot fait sienne. « Avec la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie, nous allons encore accélérer et faire en sorte que chaque agriculteur qui le souhaite puisse s’engager pour le solaire, l’éolien, ou le biogaz« , annonce le ministre de la Transition écologique.

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