Source : lemag.bureauveritas.fr
Le biogaz est une énergie renouvelable qui, au-delà d’être bonne pour l’environnement, l’est aussi pour le portefeuille des agriculteurs. Explications.
Passer au biogaz, quand on est agriculteur, c’est un geste pour l’environnement et l’assurance de faire des économies certaines. « Avec le biogaz, une exploitation agricole va pouvoir réaliser jusqu’à 80% d’économies sur l’achat de ses engrais », précise Frédéric Dupasquier, responsable des métiers Performance HSE (hygiène, sécurité, environnement) au sein de Bureau Veritas, organisme agréé qui contrôle la qualité des installations et aide ses clients à répondre aux défis croissants en matière de qualité, sécurité, responsabilité sociale et développement durable.
Quand la fermentation donne naissance au biogaz
À quel miracle doit-on ces économies ? Simple. Celui d’un principe chimique cher à Lavoisier. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Au commencement étaient des déchets agricoles, fumier, lisier ou encore productions avariées ou non conformes, donc invendables. Plutôt que de les jeter, il s’agit de les placer dans un digesteur, une sorte de grand réservoir cylindrique coiffé d’un dôme, qui peut faire huit mètres de haut pour quinze à vingt mètres de diamètre.
À l’intérieur, on trouve une grande cuve destinée à recevoir ces matières organiques. Maintenues en milieu clos à une température de l’ordre d’une quarantaine de degrés, ces dernières, brassées ensemble, forment très vite un bain propice au développement des bactéries. Le processus de fermentation s’enclenche. La dégradation de ces matières organiques produit du méthane : du biogaz en l’occurrence.
Ce biogaz, plus léger que l’air, est aspiré en haut du dôme par un système de tuyauterie qui l’achemine, en temps réel et en permanence (si le digesteur est alimenté bien sûr), vers une seconde installation, dite de cogénération. Ici se trouve un moteur de cogénération fonctionnant au biogaz et doté d’un alternateur et d’un échangeur thermique. L’alternateur produit de l’électricité et la chaleur du moteur est récupérée via l’échangeur thermique, d’où le terme cogénération.
De l’électricité, de la chaleur…
L’électricité est aussitôt vendue, à un prix préférentiel et fixé à l’avance par des contrats sur 20 ans, à EDF Obligation d’Achat. « Il est important d’insister sur l’étendue des contrats et sur ces prix fixés à l’avance. Cela représente un complément de revenus stable, qui permet de sécuriser le chiffre d’affaires des agriculteurs, par définition ordinairement soumis aux aléas de leurs productions, explique Frédéric Dupasquier. Cela peut atteindre jusqu’à 20% à 30% des revenus d’une exploitation, ce qui est loin d’être négligeable. »
La chaleur est réacheminée vers les bâtiments situés à proximité, via une conduite d’eau chaude. Le foin ou les autres produits agricoles sont séchés, et les bâtiments d’élevage (porcins ou volailles) sont chauffés sans dépense. « Environ 60% de l’énergie du biogaz est transformée en chaleur, et 40% en électricité », précise l’expert.
…et du digestat
Avec cette électricité et cette chaleur, nous avons deux des trois avantages du biogaz évoqués. Reste le troisième, celui permettant de faire ces 80% d’économies sur ses achats d’engrais. Pour le comprendre, il nous faut revenir au digesteur. Tout ne s’y transforme pas en gaz. Ce qui demeure après fermentation est appelé digestat, et c’est lui qui nous intéresse ici.
« C’est un fertilisant performant, réagit Frédéric Dupasquier. Ce digestat est un excellent engrais azoté, que l’agriculteur va pouvoir utiliser en lieu et place des engrais chimiques qu’il devait jusque-là acheter. » D’où ces 80% d’économies précédemment citées. « Ce digestat, récupéré sous forme liquide, doit être injecté directement dans le sol à fertiliser. Cela demande une installation spéciale d’injection dans le sol du digestat fixée à l’arrière de la citerne de stockage mais, comparé à une utilisation classique par pulvérisation, cela offre bien des avantages, à commencer par celui d’éliminer les pertes par évaporation que l’on constate avec des engrais chimiques », appuie l’expert de Bureau Veritas.
On résume. Avec ce digestat, l’agriculteur fabrique son propre engrais. Il est issu de matières premières recyclées, aux vertus fertilisantes bien meilleures que les engrais chimiques habituels. Bonne pour l’environnement et pour le portefeuille, la technologie exige un investissement de départ important, entre 2 et 4 millions d’euros pour le méthaniseur et la cogénération, et entre 400.000 et 600.000 euros pour l’utilisation du digestat. Le retour sur investissement est potentiellement sensiblement inférieur à la durée de vie de l’installation. Il faut ainsi compter environ dix à douze ans pour une exploitation moyenne d’une centaine de vaches.
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